Les toxicomanes ont-ils des traits de personnalité propres à chaque substance ? Cet ouvrage d’experts addictologues de l’Université de Leicester le suggère : si l'environnement social est certainement un facteur d'influence majeur en matière de toxicomanie, pourtant seules quelques personnes d'un environnement donné deviennent dépendantes. Cette incidence est-elle juste aléatoire ou existe-t-il des traits de personnalité clés qui aident les gens à éviter la toxicomanie ou qui contribuent au contraire à la dépendance ? Est-il possible d'évaluer le risque de consommation de drogues pour différents profils de personnalité ? Ce risque est-il différent pour les différentes substances ? Cet ouvrage contribue à répondre à ces questions cruciales pour la société et le bien-être public.
Cette équipe interdisciplinaire de chercheurs a analysé les données concernant l'utilisation de 18 substances psychoactives différentes chez 1.885 participants. La personnalité a été évaluée à partir du concept des big five : N – Névrose, E – Extraversion, O – Ouverture à l'expérience, A – caractère Agréable, C – Conscience. Les chercheurs ont également tenu compte des niveaux d’impulsivité. L’analyse précise, pour chaque substance, les traits de personnalité associés au risque de consommation et de dépendance.
Quelques conclusions sur les profils psychologiques des toxicomanes selon les substances consommées
- il existe une différence significative de profils psychologiques entre les toxicomanes et des non-consommateurs ; il existe donc bien une prédisposition psychologique à la toxicomanie ;
- la prédisposition psychologique à utiliser les différentes substances peut elle-aussi être différente. Par exemple, il existe une différence significative de personnalité entre les consommateurs d’ecstasy et les consommateurs d’héroïne ;
- l’utilisation de drogues différentes est corrélée (Voir visuel ci-contre) ;
- En général, les usagers de drogues se caractérisent par niveaux de « N » plus élevés, plus de « O », plus de « A et de C »; cependant des différences apparaissent entre les consommateurs des différentes drogues. Par exemple, les consommateurs d'héroïne ont des taux de N plus élevés, mais des taux plus faibles en E, en O, et en A mais plus d’impulsivité que les utilisateurs d'ecstasy ;
- Un niveau de « O » élevé est caractéristique des gens créatifs et, de manière similaire, des toxicomanes ;
- la réussite scolaire et les études supérieures sont en corrélation avec un « C » élevé. Ces personnes qui sont capables de planifier et de suivre leur feuille de route dans la vie apparaissent mieux « immunisées » contre la toxicomanie.
L’ouvrage, issu d’un projet de recherche débuté en 2011 et de l’expertise d’une équipe pluridisciplinaire livre ainsi des « modèles » caractéristiques du risque de consommation des différentes substances. Ce faisant, il suggère aussi des cibles ou de nouveaux modes de détection de personnes à risque élevé de toxicomanie.
Source: Personality Traits and Drug Consumption. A Story Told by Data by Fehrman, E., Egan, V., Gorban, A.N., Levesley, J., Mirkes, E.M., Muhammad
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