On sait qu’en matière de consommation d’alcool durant la grossesse, il n'y a pas de quantité sans danger. Pourtant, 1 femme sur 10 consomme de l’alcool durant sa grossesse, mais dans certains pays, c’est presque 1 sur 2. Cette étude de l’Université Rutgers (New Jersey) contribue à expliquer pourquoi : elle montre notamment qu’une consommation modérée à importante pendant la grossesse modifie certains gènes chez les nouveau-nés. Ces travaux présentés dans la revue Alcoholism Clinical and Experimental Research vont mener à des tests d'exposition prénatale à l'alcool et permettre une meilleure prise en charge des nouveau-nés exposés.
Le SAF ou syndrome d'alcoolisation fœtale n’est pas toujours aisé à détecter. Pourtant évitable par l’abstinence d’alcool durant la grossesse, il entraîne des risques sévères pour l'enfant à naître, car l'alcool agit sur l'embryon et le fœtus, sur son système nerveux et son cerveau. En passant du sang maternel vers le sang du fœtus, au travers du placenta, l'alcool entraîne un risque d'atteinte des fonctions cérébrales et/ou de malformations irréversibles très élevé. Ainsi, les troubles du spectre de l'alcoolisation fœtale peuvent inclure des déficiences physiques ou intellectuelles ainsi que des problèmes de comportement et d'apprentissage. S’il n’existe pas de remède, la détection précoce d’une telle exposition pourrait permettre une intervention précoce permettant de soutenir le développement de l’enfant.
Les auteurs rappellent également que :
- toute consommation d'alcool durant la grossesse est dangereuse pour la santé de l'Enfant à naître ;
- qu'une consommation d'alcool chez les femmes (hors grossesse) est considérée comme excessive au-delà de 4 unités et de 5 épisodes par mois;
- qu'une consommation d'alcool de 3 unités par occasion, est considérée comme modérée chez les femmes.
2 gènes du stress et de l’horloge sont altérés par une exposition in utero à l’alcool
Les chercheurs ont recherché des modifications de l'ADN induites par l'alcool chez 30 femmes enceintes et 359 enfants. Une précédente étude avait révélé que la consommation excessive d'alcool pouvait entraîner un changement génétique durable chez les adultes, les chercheurs ont donc recherché les modifications induites par l'alcool. Ils découvrent ainsi des modifications sur 2 gènes – POMC, qui régule le système de réponse au stress, et PER2, impliqué dans notre horloge interne.
De nouveaux biomarqueurs génétiques de l’exposition à l’alcool in utero sont ainsi identifiés. Cette découverte va faciliter la détection de l'exposition prénatale à l'alcool chez les enfants et permettre un diagnostic et une intervention précoces bénéfiques, explique l’auteur principal, le Dr Dipak K. Sarkar, professeur d’endocrinologie à l’Université Rutgers.
Enfin, l’étude révèle également que les nourrissons exposés in utero à l'alcool présentent des niveaux accrus de cortisol, cette hormone de stress nocive qui peut affaiblir le système immunitaire et entraîner des problèmes de santé persistants.
Source : Alcoholism Clinical and Experimental Research 22 July 2019 DOI : 10.1111/acer.14148 Persistent Changes in Stress Regulatory Genes in Pregnant Woman or a Child With Prenatal Alcohol Exposure (Illustration Syani Mukherjee / Université Rutgers-Nouveau-Brunswick)
Lire aussi : ALCOOL : Il n'y a pas de quantité sans danger pendant la grossesse