Même en très faible quantité, la consommation d’alcool durant la grossesse augmente le risque pour le bébé, notamment de complications lors de l’accouchement, dont la prématurité, rappelle, encore une fois, cette étude de l’Université de Leeds soutenue par l’Agence de sécurité britannique, la Food Standards Agency. Les conclusions de cette étude menée sur plus de 1.300 femmes enceintes, présentées dans le Journal of Epidemiology and Community Health appellent à une communication plus rigoureuse prônant l’abstinence totale d’alcool durant la grossesse avec une meilleure information des parents sur les risques encourus par l’enfant.
S'il est tout à fait démontré que la consommation d'alcool durant la grossesse entraine des risques pour l'enfant, les auteurs soulignent, qu'a minima dans l'opinion publique, subsiste une incertitude certaine sur un niveau faible et qui pourrait être sans danger…Une analyse récente publiée dans le British Journal of Obstetrics and Gynaecology suggère même qu'il n'y aurait aucun effet lié à une consommation hebdomadaire d'alcool faible à modérée sur le développement neurologique des enfants à l'âge de cinq ans…
Cette étude a suivi 1.303 femmes enceintes, âgées de 18 à 45 ans qui ont renseigné leur consommation d'alcool sur la base de questionnaires de fréquence alimentaire, à l'inclusion dans l'étude, en 28è semaine de grossesse pour la consommation entre les semaines 13 et 28, après la naissance de l'enfant, pour la consommation entre les semaines 29 et 40. La fréquence et le type d'alcool consommé ont permis de calculer les unités consommées par semaine. Les issues et éventuelles complications de la grossesse ont été obtenues à partir des dossiers maternels hospitaliers. Les chercheurs ont également pris en compte les facteurs de confusion (tabagisme/cotinine salivaire, poids avant la grossesse, taille, âge, origine ethnique, nombre d'enfants, consommation de caféine, niveau d'éducation…). Les résultats sont inquiétants :
· Les trois quarts des femmes avant la grossesse et plus de la moitié dans le premier trimestre déclarent avoir consommé de l'alcool à raison de plus de 2 unités par semaine,
· Un peu plus d'un quart des femmes déclarent avoir consommé plus de 2 unités par semaine au cours des 2è et 3è trimestres,
· Consommer plus de 2 unités par semaine, 4 semaines avant la grossesse est associé à un faible poids à la naissance (inférieur de 105g en moyenne),
· Consommer moins de 2 unités par semaine, 4 semaines avant la grossesse n'est pas associé à ce risque,
· Consommer plus de 2 unités par semaine, au cours du premier trimestre de la grossesse est associé à une réduction de 100 g environ du poids de naissance, à un risque multiplié par 2 de faible taille/ âge gestationnel et multiplié par 3,5 de naissance prématurée.
· Consommer 2 unités ou moins par semaine pendant le premier trimestre de la grossesse est également associé à une réduction de 100 g environ du poids de naissance et à un risque très accru (OR : 4,6) de naissance prématurée.
· Ces risques persistent au cours des deuxième et troisième trimestres avec une réduction respective de 100 g et 50 g environ du poids de naissance pour une consommation de 2 unités et plus.
Le premier trimestre apparaît comme la principale période de vulnérabilité, avec un risque très accru de complications, associé à seulement ou moins de « 2 unités » d'alcool par semaine.
Cependant l'association entre la consommation d'alcool pendant la grossesse et une issue défavorable de la grossesse, dont un faible poids de naissance ou un retard de croissance fœtale reste statistiquement significative quelle que soit la période de consommation au cours de la grossesse.
Le seul message doit être celui de l'abstinence totale, concluent les chercheurs.
Source: Journal of Epidemiology and Community Health March 10 2014 doi:10.1136/jech-2013-202934 Maternal alcohol intake prior to and during pregnancy and risk of adverse birth outcomes: evidence from a British cohort
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