La culpabilité de la gueule de bois a sa zone cérébrale, révèle cette étude de l’Université d’Utah, menée sur le rat. Il s’agit de l'habenula latérale, une petite zone de l'épithalamus déjà reconnue comme liée à la dépression et l'évitement et impliquée récemment dans la prise de décision. Ces conclusions, présentées dans PLoS ONE contribuent à expliquer pourquoi, de nombreuses personnes, qui supportent mal l’alcool, continuent à boire.
Cette nouvelle recherche étend son implication à la prévention, dans la mesure où cette petite zone nous rappellerait aussi les leçons des mauvaises expériences précédentes, comme se sentir très mal, après un excès d'alcool. Les rats utilisés pour l'étude ont donc ici été mis en situation de libre accès à l'alcool…
L'habenula latérale (HL) dans la réponse à l'alcool : L'objectif de la recherche était de mieux cerner le rôle de cette zone particulière du cerveau, l'habenula latérale (HL) dans le comportement face à l'alcool. Les auteurs précisent que l'HL a déjà été impliquée, par de précédentes études, dans la réduction de la dépendance à la nicotine et à la cocaïne.
136 rats mâles ont été anesthésiés et chez la moitié d'entre eux, l'HL a été endommagée. Puis après une semaine de « récupération », l'animal a été soumis à plusieurs expériences.
Dans une première expérience, 17 rats lésés et non lésés ont eu un accès intermittent de 24 heures à l'alcool durant semaines. Un flacon contenait de l'eau et l'autre une solution d'eau + éthanol (20%). Les chercheurs ont évalué la consommation des 2 boissons et la préférence des rats.
Les rats ont également été soumis à des tests d'aversion gustative conditionnée.
L'étude révèle que,
· L'accès à l'éthanol 24 heures sur 24 accroît, naturellement, une augmentation constante de la consommation d'éthanol à la fois chez les rats lésés et non lésés,
· mais après une semaine d'accès à l'éthanol, la consommation des rats lésés augmente bien plus que celle des rats sains, atteignant 6 g par kg par 24 heures vs 4g par kg par 24 heures.
· les rats ayant des lésions à l'HL continuent à accroître leur consommation même lorsqu'ils sont privés d'éthanol durant un moment et que leur accès est ensuite rétabli.
· après 8 semaines d'accès intermittent à l'éthanol, les rats lésés continuent à actionner bien plus fréquemment le levier d'accès à l'alcool que les rats sains.
· Au test d'aversion gustative conditionnée, après avoir donné aux rats de l'éthanol, les rats sains montrent une aversion pour la solution sucrée (représentant la boisson ayant fait l'objet d'un conditionnement à l'aversion), tandis que les rats lésés ne sont pas sujets à aversion. Sur les rats privés d'HL, le conditionnement n'a donc pas fonctionné.
L'habenula latérale (HL) joue donc un rôle important dans le contrôle des comportements vis-à-vis de l'alcool. Un mécanisme qui reste à prouver chez l'Homme et en particulier chez les sujets ayant des problèmes avec l'alcool. On apprend ici, qu'une activité réduite de l'HL empêche d'apprendre de ses expériences avec l'alcool. C'est une explication possible du fait que de nombreuses personnes, qui supportent mal l'alcool, continuent pourtant à boire et peut-être le départ d'une nouvelle option thérapeutique. Mais, même si cette hypothèse était vérifiée, les modes d'application clinique restent à définir.
Source: PLOS One April 2 2014 DOI: 10.1371/journal.pone.0092701 Lesions of the Lateral Habenula Increase Voluntary Ethanol Consumption and Operant Self-Administration, Block Yohimbine-Induced Reinstatement of Ethanol Seeking, and Attenuate Ethanol-Induced Conditioned Taste Aversion (Visuel NIH)
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