Bien que le cannabis soit largement considéré comme n’étant pas addictif, cette étude menée par le Massachusetts General Hospital (MGH) identifie chez 40% des adolescents consommateurs, des symptômes de sevrage, caractéristiques de la dépendance aux drogues. Les conclusions de cette étude américaine, présentées dans le Journal of Addiction Medicine et qui interviennent dans un contexte de légalisation croissante, veulent alerter sur les conséquences addictives possibles de l’usage du cannabis chez l'adolescent.
Car l'étude conclut que plus de 80% des participants usagers de cannabis répondent à ce critère de dépendance.
Certes, il s'agit ici d'adolescents suivis pour usage « sévère » de substances, et ce symptôme de sevrage est bien associé à un usage élevé du cannabis, fréquemment combiné à des troubles de l'humeur. Cependant, le Pr John Kelly du Centre de soins des addictions du département psychiatrie du MGH considère qu'un usage régulier risque d'être de plus en plus courant, avec la légalisation du cannabis à des fins médicales et, dans certains états, récréatives.
Son étude a suivi 127 adolescents âgés de 14 à 19 ans traités en ambulatoire pour usage de drogues, dont 90 consommant majoritairement du cannabis. Les participants ont été évalués à 3, 6 et 12 mois sur leur usage de drogues, leurs symptômes de sevrage, les conséquences dans leur vie attribuables à l'usage de drogues, et autres symptômes et diagnostics psychiatriques. Certains d'entre eux ont signalé ces symptômes de sevrage du cannabis, comme l'anxiété, l'irritabilité, la dépression et les troubles du sommeil, d'autres pas.
Sur ces 90 participants,
· 84% « réunissent » les critères de la dépendance au cannabis (tolérance et consommation accrues, échecs des tentatives de réduction ou d'arrêt, poursuite de la consommation en dépit de problèmes médicaux et de troubles psychologiques).
· 40% rapportent des symptômes de sevrage. 100% de ces participants répondent d'ailleurs aux critères de dépendance et rapportent des conséquences familiales, professionnelles et sociales sévères. Ils sont également plus susceptibles d'éprouver des troubles de l'humeur.
Ce qui compte, c'est la prise de conscience : Point positif, si la présence de symptômes de sevrage est un bon indicateur de la dépendance au cannabis, cette symptomatologie ne semble pas avoir d'impact significatif sur la capacité des participants à réduire leur consommation de cannabis au cours de la période de suivi de 12 mois. Le facteur majeur de réussite du sevrage reste la prise de conscience du problème avec la substance. Ainsi, parmi les participants qui présentent des symptômes de sevrage, ceux qui ont reconnu avoir ce problème bénéficient d'une lente mais constante amélioration de l'abstinence pendant la période d'étude.
· Ceux qui présentent des symptômes de sevrage, mais ne reconnaissent pas leur problème connaissent une légère amélioration dans les 3 premiers mois, mais ensuite l'augmentation de la consommation reprend. Les auteurs font l'hypothèse que les participants qui éprouvent des symptômes de sevrage, mais ne reconnaissent pas avoir un problème de consommation de cannabis ne savent pas attribuer ces symptômes au sevrage. Or pouvoir attribuer correctement les symptômes au sevrage apporte plus de motivation.
L'importance d'inclure la dépendance dans les risques et les méfaits associés à la consommation de cannabis est un enjeu majeur pour les auteurs, on l'aura compris. Ils s'inquiètent de « la tendance générale au États-Unis de minimiser les risques et de ne pas reconnaître la dépendance au cannabis». Leur objectif, évaluer des programmes qui permettent de couper court à ces « idées fausses », apporter une meilleure éducation et une meilleure sensibilisation.
Source: Journal of Addiction Medicine August 5, 2014 The Prevalence of Cannabis Withdrawal and Its Influence on Adolescents' Treatment Response and Outcomes: A 12-Month Prospective Investigation
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