Les effets néfastes du cannabis (Adverse Health Effects of Marijuana Use), c’est le large sujet de cet examen de la littérature, mené par le National Institute on Drug Abuse (NIH) qui conclut, entre autres conséquences, que fumer du cannabis à l'adolescence réduit le QI à vie. Cette mise en garde contre de multiples effets, parfois documentée, et parfois pas, vient d’être publiée dans le New England Journal of Medicine.
Car cet état actuel de la science couvre tous les dangers associés à la consommation de cannabis du risque accru d'accident de voiture à l'effet délétère sur la conduite de la vie, et, sur un plan plus médical, de la dépendance et du développement neurologique à la maladie mentale, au cancer et au risque de décès. Cependant, parmi les effets évoqués déjà documentés, nombreux restent suggérés et considérés comme à valider, en raison d'insuffisance de preuves, par des recherches complémentaires. Cet examen intervient dans un contexte de consommation croissante chez les jeunes, et même les plus âgés, et pose évidemment la question de la libéralisation du cannabis, déjà en cours aux Etats-Unis (Colorado et Etat de Washington), et de son usage thérapeutique.
Principaux effets évoqués :
· Le risque de dépendance : Selon les auteurs « la preuve indique clairement que l'usage à long terme de cannabis peut mener à la dépendance » : 9% des usagers chroniques deviennent dépendants, et ce taux de dépendance atteint 50% en cas d'usage quotidien.
· Sur le développement du cerveau et le Q.I. : L'examen rappelle la vulnérabilité du cerveau encore en développement à l'adolescence et l'effet d'une consommation fréquente de cannabis à l'adolescence, sur le Q.I. à l'âge adulte.
· Le risque de maladie mentale, est ici confirmé, un usage régulier et prolongé étant associé, de manière documentée, à un risque accru d'anxiété et de dépression. Cependant, la relation de cause à effet reste à démontrer. L'usage régulier du cannabis est également associé, à travers d'autres études à la psychose dont la schizophrénie, en particulier chez les personnes ayant une vulnérabilité génétique pré-existante ou des antécédents. Les auteurs précisent que de nombreux facteurs sont en cause dans ce type de maladies, c'est pourquoi le lien de causalité est donc extrêmement complexe à démontrer.
· Le risque de cancer du poumon : Les effets à long terme la consommation de cannabis sur le risque de cancer du poumon ne sont pas tout à fait clairs, notamment en raison de la consommation fréquemment conjointe de tabac.
· Réussite scolaire et réussite de vie : Si des études montrent bien que l'usage du cannabis altère les fonctions cognitives critiques, tant au cours des épisodes de consommation que dans les jours qui suivent, cependant, sur ce point, précisent les auteurs, les études s'avèrent contradictoires… Car certaines identifient des effets réversibles sur l'apprentissage, d'autres indiquent des effets sur la mémoire et l'attention, dose-dépendants de l'intensité et la durée de la consommation.
Ainsi, pour les études qui documentent un effet «décrochage scolaire », c'est parfois sans compter sur d'autres facteurs, environnementaux, comme le statut-socioprofessionnel, l'éducation des parents ou le lieu d'habitation.
· Le risque d'accidents de la circulation, voiture ou 2 roues, est, quant à lui, peu discutable. L'usage du cannabis juste avant ou au volant, réduit l'aptitude à conduire et multiplie par 2 au moins, le risque d'accident. Les risques liés à la consommation combinée d'alcool et de cannabis, encore supérieurs, ont également été démontrés.
· Une passerelle vers d'autres substances illicites : Si des études sur l'animal, relevées par cet examen, suggèrent bien un effet d'incitation à l'usage d'autres substances addictives comme la nicotine ou l'alcool, les auteurs ne relèvent pas d'étude, chez l'Homme, permettant de soutenir la même conclusion.
Globalement, l'examen conclut, tout de même, à une insuffisance de données sur les effets de l'usage du cannabis. Paradoxalement, cette rareté des données pourrait être levée, avec la levée des interdictions dans certains états, permettant alors la tenue d'études plus larges contrôlées et randomisées.
Source: The New England Journal of Medicine June 5 2014 DOI: 10.1056/NEJMra1402309 Adverse Health Effects of Marijuana Use (Visuel Fotolia)
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