Cette étude américaine montre que si la « sensibilisation » à la e-cigarette « fait le plein », avec 77% des Américains qui connaissent le principe du dispositif, monte simultanément une inquiétude générale sur la sécurité du dispositif et sur sa moindre nocivité par rapport aux cigarettes « classiques ». Ces nouvelles données, présentées dans l’American Journal of Preventive Medicine, qui confirment néanmoins l’a priori positif des jeunes, appellent à mieux contrôler l’information diffusée sur le dispositif.
Les auteurs, de l'Université de Pennsylvanie rappellent qu'aux Etats-Unis, l'usage de l'e-cigarette est toujours en très forte progression, représente un marché estimé à 1,7 milliard de dollars, avec plus de 5.000 points de ventes, et encore à très fort potentiel alors que seulement 6% des fumeurs l'utilisent actuellement. L'Agence sanitaire américaine, la US Food and Drug Administration (FDA) a récemment proposé des règles pour réglementer les cigarettes électroniques dont, comme en France, l'interdiction de vente aux mineurs. Certains états américains ont déjà adopté des réglementations identiques à celles des cigarettes. La ville de Philadelphie, a, par exemple interdit l'utilisation de l'e-cigarette dans l'espace public. Bref, la e-cigarette commence à inquiéter les autorités sanitaires et les politiques, une inquiétude qui, selon cette étude gagne aussi peu à peu de l'opinion publique.
Cette enquête nationale, menée auprès de 3.630 adultes révèle en effet que si 3 Américains sur 4 connaissent le principe de la e-cigarettes, soit un taux de notoriété de 77% à comparer à 16% en 2009, la perception que les e-cigarettes sont moins nocives que les cigarettes classiques commence à s'estomper, de 84 à 51%, sur la même période.
· Un certain scepticisme et des préoccupations de santé commencent à se développer d'autant que, depuis toutes ces années où les e-cigarettes sont sur le marché, jamais les autorités ne les ont présentées comme un nouveau substitut tabagique ou une aide à l'arrêt du tabac.
· Aussi, si dans l'ensemble, 77% des répondants connaissent la e-cigarettes, ce sont majoritairement des fumeurs actuels ou ex-fumeurs vs non-fumeurs.
· Enfin, parmi ceux qui connaissent le dispositif, les participants plus jeunes, plus instruits et les fumeurs actuels (vs ex et non-fumeurs) sont plus susceptibles de penser que la e-cigarette est moins nocive. Le scepticisme ou l'inquiétude enfin ne sont pas –et c'est logique- associés avec de récentes tentatives ou l'intention d'arrêter de fumer.
Une menace pour la santé publique ? Les auteurs concluent que l'augmentation de la prévalence de la notoriété et de la présence l'e-cigarette sur le marché constitue une menace pour la santé publique en raison de l'absence de données sur sa contribution éventuelle à l'arrêt du tabac. Encore une fois, le public jeune est moins enclin à considérer l'existence d'éventuels effets néfastes. Ils suggèrent de mieux contrôler l'information diffusée sur le dispositif et de surveiller, sur les différents groupes (fumeurs, ex-fumeurs, non-fumeurs, jeunes et moins jeunes) les effets de cette exposition.
Source: American Journal of Preventive Medicine April 29, 2014 DOI:http://dx.doi.org/10.1016/j.amepre.2014.02.011 E-Cigarette Awareness and Perceived Harmfulness: Prevalence and Associations with Smoking-Cessation and Outcomes
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