On n’a qu’encore peu de données de cette étude sur l’exposition tertiaire à la nicotine liée à l’usage de l’e-cigarette, si ce n’est que l’étude en question vient de recevoir le US National Institutes of Health (NIH) Addiction Science Award 2014, le plus grand concours scientifique du monde pour les étudiants du secondaire. L’étude démontre –avec la caution des NIH- qu’il existe bien une exposition de « 3ème main » à la nicotine résiduelle laissée sur les objets et les meubles, par la e-cigarette.
Lily Wei Lee, une étudiante de 18 ans de la Stuyvesant High School (New York) est la lauréate avec son étude « Assessment of Third Hand Exposure to Nicotine from Electronic Cigarettes ». Elle démontre le risque d'exposition de « troisième main », lié au dépôt des vapeurs chargées de nicotine libérées par la e-cigarette et qui va affecter les non-utilisateurs. Des effets sur la santé à rapprocher de ceux de la fumée tertiaire dans le tabagisme passif, qui reste « accrochée » sous forme de particules à la surface des objets et aux tissus d'ameublement. Une fumée tertiaire qui devient progressivement plus toxique au fil du temps.
La jeune chercheuse a sélectionné 3 marques de e-cigarettes avec des cartouches de concentrations en nicotine variables, actionnées par seringue pour produire des bouffées similaires à celles des usagers. Les concentrations de nicotine ont ensuite été mesurées sur les surfaces environnantes, une fenêtre, des parois en vinyle, du carrelage, des pièces de métal et de bois. Cette expérience constate une augmentation significative de la quantité de nicotine sur les 5 surfaces, avec des niveaux particulièrement élevés sur le plancher et la fenêtre. Cette quantité de nicotine résiduelle dépend aussi de la marque utilisée. Pour l'auteur, c'est une première étape vers la démonstration d'un risque cancérigène, de troisième main. Car la jeune chercheuse souhaite maintenant démontrer que l'utilisation de la e-cigarette entraîne aussi une exposition tertiaire aux agents chimiques cancérigènes.
Le directeur du National Institute on Drug Abuse (NIH/NIDA) confirme que les non-utilisateurs peuvent être exposés à la nicotine résiduelle d'une seule e-cigarette et même si cette e-cigarette a été consommée « il y a un certain temps ». Un usage chronique peut donc produire des niveaux encore plus élevés d'exposition à la nicotine. Si on ne connait pas encore l'impact précis sur la santé de cette exposition passive, cette exposition existe et vient d'être démontrée.
Ce n'est pas la première étude à se pencher sur la question. Une étude de fin 2012 avait évalué les émissions de gaz et de particules des e-cigarettes, sans à l'époque regarder le risque tertiaire. L'étude concluait à des résultats variables selon les types de e-cigarette mais à des émissions de COV et de particules ultrafines, de formaldéhyde, et de propylène glycol inférieures aux émissions d'une cigarette conventionnelle. Mais les auteurs considéraient aussi comme raisonnable de supposer que les personnes exposées à la vapeur libérée subissent aussi une sorte de tabagisme passif.
Source: NIH Study of third hand nicotine from e-cigarette exposure wins top NIH Addiction Science Award
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