Avec son essor considérable en population générale, on a « oublié » certains groupes de population particulièrement vulnérables et plus susceptibles de l’adopter. Pour diverses motivations. Pour exemple, les jeunes, même non-fumeurs qui s’y essaient par tendance, et pourraient passer ensuite au tabac ou les jeunes parents qui s’y mettent, pensant que le dispositif est moins nocif pour leurs enfants. Nouveau groupe à montrer un usage très élevé de l’e-cigarette, celui des personnes atteintes de troubles mentaux, « historiquement » déjà fortement fumeur de cigarettes, et pour lequel aussi, la sécurité de la e-cigarette n’a pas été démontrée. Zoom avec cette étude de l'Université de Californie, San Diego, à paraître dans la revue Tobacco Control sur e-cigarette et santé mentale.
Car les personnes atteintes de dépression, de troubles anxieux ou autres problèmes de santé mentale s'avèrent aujourd'hui 2 fois plus susceptibles d'expérimenter le dispositif et 3 fois plus susceptibles de l'adopter que les personnes en bonne santé mentale. Leur conviction, partagée en population générale, la cigarette électronique va les aider à s'arrêter de fumer, explique le Pr Sharon Cummins, professeur adjoint au Département de médecine familiale et préventive de l'Université de Californie, San Diego.
Les fumeurs actuels sont globalement plus pauvres, ont de faibles niveaux d'éducation, et des taux plus élevés de problèmes de santé mentale. Ainsi, les personnes atteintes de troubles psychiatriques consomment environ 30 à 50% des ventes de cigarettes.
C'est idem avec l'e-cigarette, à supposer, écrivent les auteurs, que leur utilisation généralisée modifient les normes sociales et que fumer –la e-cigarette-devienne socialement acceptable.
60% des personnes atteintes de troubles mentaux envisagent de l'expérimenter:
L'enquête a porté sur l'histoire et le statut tabagique de 10.041 Américains, dont leurs tentatives d'arrêt du tabac, leur utilisation et leur perception de l'e-cigarette. L'enquête a également pris en compte les diagnostics de troubles anxieux, dépressifs et autres troubles mentaux.
· 27,8% des fumeurs actuels auto-déclarent des problèmes de santé mentale, vs 13,4% des non-fumeurs ;
· 14,8% des personnes souffrant de troubles mentaux ont expérimenté l'e-cigarette vs 6,6% des personnes en bonne santé mentale,
· 3,1% des personnes souffrant de troubles mentaux l'utilisent actuellement vs 1,1% des personnes en bonne santé mentale.
· 60,5% des fumeurs souffrant de troubles mentaux indiquent qu'ils vont assez ou très probablement expérimenter la e-cigarette à l'avenir vs 45,3% des fumeurs en bonne santé mentale.
Les personnes atteintes de problèmes de santé mentale ont été largement oubliées dans la guerre contre le tabagisme et aujourd'hui sont celles qui ont le plus à gagner ou à perdre avec le phénomène e-cigarette, concluent les auteurs. Car, encore une fois, l'engouement est là en dépit de l'absence de preuves de sécurité et sans recul sur ses effets, en particulier en cas de vulnérabilité mentale.
Source: Tobacco Control 12 May 2014 doi:10.1136/tobaccocontrol-2013-051511 Use of e-cigarettes by individuals with mental health conditions (Visuel © Sébastien – Fotolia.com)
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