Cibler les mécanismes épigénétiques en cause dans la dépendance à l’alcool, c’est le principe de la nouvelle stratégie pharmacologique proposée par cette équipe de l’Université de Salamanque (Espagne). Une piste innovante, documentée dans la revue Current Pharmaceutical Design, qui apporte déjà sur une meilleure compréhension des mécanismes biochimiques responsables du contrôle épigénétique au sein des cellules cérébrales et la perspective de nouveaux candidats médicaments.
Plus de 3,3 millions de personnes meurent chaque année en raison d’une consommation excessive d'alcool et l'alcool est directement responsable de 5% des maladies et blessures invalidantes dans le monde. L'impact considérable sur la santé humaine de la consommation excessive d'alcool n'est donc plus à démontrer.
L'alcoolodépendance est caractérisée non seulement par une consommation compulsive d'alcool mais aussi des états émotionnels négatifs en cas d’arrêt de la consommation. Dans leurs formes les plus sévères, les troubles liés à la consommation d'alcool induisent une perte totale de contrôle en dépit de la volonté fréquente d’arrêter. Par ailleurs, il est connu que l'alcool induit des modifications épigénétiques qui affectent le fonctionnement de différentes biomolécules. Les chercheurs ont fait l'hypothèse que comprendre et inverser les modifications épigénétiques associées à l'alcoolodépendance pourrait désamorcer l'état de dépendance.
Cibler les effets épigénétiques de l'alcoolodépendance
Très peu de traitements pharmacologiques sont aujourd’hui approuvés pour traiter les troubles de la consommation d’alcool (disulfirame, les antagonistes des opioïdes, l'acamprosate, le baclofène ou le topiramate) et de nombreux patients restent réfractaires au traitement. L’équipe espagnole a fait l’hypothèse qu’une meilleure compréhension de la répercussion de l'éthanol sur les cibles cellulaires moléculaires permettrait d’identifier de nouvelles stratégies pharmacologiques. L'influence de l'alcool sur les mécanismes épigénétiques est un domaine relativement peu exploré qui offre en effet de nouvelles pistes prometteuses.
Le terme « épigénétique » recouvrant les changements chimiques dans l'ADN, les protéines (histones, principalement), les ARNm et les ARN non codants avec une capacité de régulation de l'expression des gènes.
Rétablir le contrôle « moléculaire » : cet examen approfondi des recherches récentes éclaire l'impact de l'alcool sur les mécanismes biochimiques responsables du contrôle épigénétique au sein des cellules cérébrales. L’analyse suggère des candidats médicaments qui pourraient contrecarrer l'impact de l'alcool sur ces mécanismes moléculaires. Enfin, l’examen apporte, pour les toxicologues, une synthèse des différentes données d’études menées chez des modèles animaux et chez l’Homme, avec des pistes prometteuses de nouveaux médicaments ciblant des protéines spécifiques.
Bref, un nouveau paradigme à envisager dans le traitement de l‘alcoolodépendance.
Source: Current Pharmaceutical Design 1 April, 2021 DOI: 10.2174/1381612827666210203142539 Targeting Epigenetic Mechanisms to Treat Alcohol Use Disorders (AUD)
Plus sur l’Alcoolodépendance sur Addictions Blog