Cette nouvelle étude, menée par une équipe du Centre for Addiction and Mental Health (CAMH, Toronto) et du CHU de Bordeaux, en France, soutenue par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), montre que le sevrage alcoolique et les périodes d'abstinence réduisent le risque de cancers associés à l'alcool, même en cas de rechute. Cette étude de cohorte française, dont les conclusions sont présentées dans le Lancet Public Health, établit un lien direct entre le traitement de l'alcoolisme et une réduction de près de 40 % de certains types de cancers.
Ainsi les personnes alcoolodépendantes qui bénéficient d’un soutien au sevrage alcoolique et parviennent à maintenir l'abstinence encourent des risques significativement plus faibles de développer un cancer associé à l'alcool. La recherche est la plus large publiée à ce jour à apporter des preuves du lien entre l'arrêt de la consommation d'alcool et la réduction du risque de tous les cancers associés à l'alcool, dont les cancers du foie et de la gorge.
Les périodes d'abstinence réduisent aussi le risque
L'étude de cohorte rétrospective, menée à l'échelle nationale de la France, a analysé les données de plus de 24 millions de participants, sortis de l'hôpital entre 2018 et 2021. L’analyse montre que :
- 6,3 % des hommes et 1,6 % des femmes souffraient d'une dépendance à l'alcool ;
- cette dépendance s’avère fortement associée aux cancers liés à l'alcool, notamment au carcinome hépatocellulaire, ainsi qu'aux cancers de la bouche, du pharynx, du larynx, de l'œsophage et colorectal, chez les deux sexes ;
- le traitement de sevrage ou les tentatives d’abstinence sont associés à une réduction significative de ces risques de cancers.
Ces données soulignent l’importance et l’efficacité des thérapies de sevrage et d’abstinence, dans la lutte contre les risques de cancer liés à la dépendance à l’alcool.
L’auteur principal, le Dr Jürgen Rehm, du CAMH commente ces résultats : « nous avons été surpris par l'ampleur de l'effet de l'intervention thérapeutique. Nous savions que le traitement de la dépendance à l'alcool est efficace mais le fait que la dépendance à l'alcool soit une maladie chronique récurrente nous fait souvent oublier que même en cas de rechute, les périodes d'abstinence diminuent nettement le risque de cancer et d'autres maladies chroniques ».
En conclusion, cette recherche met en évidence l’importance des réponses des systèmes de santé pour réduire le risque de cancers imputables à l’alcool. En augmentant l’accessibilité aux interventions de sevrage alcoolique et d’abstinence dans les établissements de soins de santé, il serait possible de mieux protéger les populations contre ces cancers évitables.
Des innovations telles que le traitement virtuel peuvent contribuer à surmonter ce défi de l’accès aux interventions.
Source: The Lancet Public Health July, 2024 DOI : 10.1016/S2468-2667(24)00107-5 Alcohol rehabilitation and cancer risk: a nationwide hospital cohort study in France