Ce n’est pas la première étude à suggérer de grandes similitudes entre les effets épigénétiques du vapotage et du tabagisme. Mais c’est la première comparaison à l'échelle du génome et elle confirme bien changements d'ADN similaires, dont certains liés au risque de maladie. Menée par une équipe de la Keck School of Medicine de l'USC (Los Angeles), l’étude, publiée dans l’American Journal of Respiratory Cell and Molecular Biology précise ces changements, dont certains déjà bien connus pour être liés au développement du cancer.
La méthylation de l’ADN est essentielle aux processus cellulaires normaux, cependant, en cas de dérèglement, elle peut conduire au cancer et à d’autres maladies.
L’étude a consisté à mesurer la méthylation de l'ADN, une modification chimique de l'ADN qui peut activer ou désactiver l’expression des gènes, dans les cellules buccales de 30 jeunes adultes vapoteurs, fumeurs ou non-utilisateurs. A l’aide d’une une technique de séquençage génétique de pointe, connue sous le nom de séquençage au bisulfite du génome entier, permettant d’étudier plus de 25 millions de sites à travers le génome, les scientifiques ont analysé pratiquement l’intégralité du génome des cellules des participants- alors que les précédentes recherches publiées sur le sujet n’avaient analysé que 2 à 3 % des régions génétiques. Cette analyse confirme :
un chevauchement substantiel des schémas de méthylation de l’ADN, entre les vapoteurs et les fumeurs ;
- précisément 346 soit 46 % des schémas de méthylation de l’ADN identifiés chez les vapoteurs se chevauchaient entre les 2 groupes ;
- ces régions méthylées se trouvent sur des sites génétiques connus pour réguler d’importantes voies de signalisation biologique qui entraînent le développement de maladies, notamment du cancer ;
- la région méthylée la plus importante, partagée par les vapoteurs et les fumeurs, se trouve dans HIC1, un gène suppresseur de tumeur appelé Hypermethylated In Cancer 1 en raison de la vaste base de recherche le reliant à différents cancers- ainsi qu’au tabagisme…. Le gène HIC1 est altéré par la méthylation à un stade très précoce du développement du cancer. La méthylation du HIC1 a également été trouvée dans des échantillons de sang de fumeurs présentant un risque élevé de cancer et d’autres maladies chroniques. Cela suggère enfin que HIC1 pourrait constituer un biomarqueur prédictif utile pour identifier les personnes qui doivent être surveillées parce qu’à ridsque plus élevé de cancer.
Les chercheurs concluent donc que « les cigarettes électroniques ne sont pas aussi sûres que certains le prétendent, même si le niveau de la plupart des substances toxiques et cancérigènes présentes dans les e-liquides et la vapeur est généralement bien inférieur à celui trouvé dans la fumée de cigarette ».
L’étude ne s’oppose pas au recours à la e-cigarette, sur une durée limitée, chez les fumeurs ayant décidé d’arrêter, mais met l’accent sur les dangers possibles aussi du vapotage alors que de nouveaux produits continuent d’arriver sur le marché et qu’on ignore pour la plupart, quelle est leur composition.
L’étude livre « une découverte passionnante car la méthylation du gène HIC1 n’avait jusque-là jamais été identifiée auparavant chez les vapoteurs ».
Source: American Journal of Respiratory Cell and Molecular Biology Aug, 2024 DOI: 10.1165/rcmb.2024-0207OC Epigenomic dysregulation in youth vapers: implications for disease risk assessment
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