Cette équipe d’experts de la Harvard T.H. Chan School of Public Health identifie pour la première fois des contaminants microbiens présents dans les « e-liquides » courants de cigarette électronique vendus aux États-Unis. Des toxines bactériennes et fongiques, répertoriées dans la revue Environmental Health Perspectives, déjà associées à toute une série de problèmes de santé chez l'Homme, dont l'asthme, des troubles de la fonction pulmonaire et l'inflammation.
Des données préoccupantes alors que l'utilisation de cigarettes électroniques a régulièrement progressé ces dernières années, en particulier chez les jeunes. On estime, aux Etats-Unis, que plus de 3 millions d’étudiants ont utilisé des cigarettes électroniques en 2018 vs 220.000 en 2011. La progression est donc considérable. De précédentes recherches de la même équipe ont d’ailleurs montré que les produits chimiques associés aux maladies respiratoires graves sont couramment retrouvés dans les arômes courants des cigarettes électroniques. Par ailleurs, la corrélation entre l’insuffisance pulmonaire chronique et l’exposition à des contaminants biologiques en suspension dans l’air est largement démontrée.
L'étude qui a analysé 75 produits e-liquides populaires soit conditionnés sous forme de cartouches à usage unique, soit sous forme de e-liquides rechargeables, révèle que 27% contiennent des traces d'endotoxine, un agent microbien présent sur les bactéries à Gram négatif et que 81 % contenait des traces de glucane, un composé présent dans les parois cellulaires de la plupart des champignons. Or, « il a été démontré que les endotoxines bactériennes Gram-négatives dans l’air et les glucanes dérivés de champignons entrainent des effets respiratoires aigus et chroniques », explique l’auteur principal, le Dr David Christiani, professeur de génétique environnementale. La découverte de ces toxines dans ces produits associés à la cigarette électronique ajoute aux préoccupations croissantes concernant des effets respiratoires indésirables chez les utilisateurs.
23% des échantillons analysés contenaient des concentrations détectables d’endotoxines : précisément, les produits analysés appartenaient à 4 catégories d'arômes : tabac, menthol, fruits et autres. Tous ces produits ont ensuite été criblés pour la présence d'endotoxines et de glucanes. L’analyse montre que :
- 17 des 75 produits (23%) contenaient des concentrations détectables d’endotoxines ;
- 61 des 75 produits (81%) contenaient des concentrations détectables de glucane ;
- les échantillons de « cartouche » présentaient des concentrations de glucane 3,2 fois supérieures à celles des échantillons de liquide ;
- les concentrations de glucanes étaient également significativement plus élevées dans les produits aromatisés au tabac et au menthol que dans les produits aromatisés aux fruits ;
- les concentrations d'endotoxines étaient plus élevées dans les produits aromatisés aux fruits, ce qui indique que les matières premières utilisées dans la production d'arômes pourraient être une source de contamination microbienne.
La contamination a pu se produire à n'importe quelle étape de la production, expliquent les chercheurs qui émettent l’hypothèse que les mèches en coton utilisées dans les cartouches de cigarettes électroniques pourraient constituer une des sources possibles de contamination, les endotoxines et les glucanes étant des contaminants connus des fibres de coton.
En conclusion, les utilisateurs d'e-cig pourraient être régulièrement exposés à des contaminants biologiques tels que les endotoxines et le glucane.
Source: Environmental Health Perspectives April 2019 (In Press) via Eurekalert (AAAS) 24-Apr-2019
Microbial contaminants found in popular e-cigarettes
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