Les effets de l'alcool sur les jeunes buveurs prédisent leur risque d’alcoolisme, plus tard dans la vie, suggère cette étude de l’Université de Chicago. L’étude, publiée dans la revue Biological Psychiatry, constate en effet que les jeunes qui signalent une plus grande récompense, agréable, à l’excès d'alcool sont plus susceptibles d’avoir des problèmes avec l’alcool quelques années plus tard. Une évidence ? Pas forcément. L’hypothèse plus largement partagée veut qu’une tolérance innée, c’est-à-dire une faible récompense, mène plutôt à l'alcoolisme. Ces conclusions, publiées dans la revue Biological Psychiatry montrent qu’à 20 ans, la récompense compte plus que la tolérance.
Alors qu'on estime qu'à la fin de l'adolescence, 91 % des garçons et des filles ont expérimenté l'alcool, 58 % dès l'âge de 11 ans que 59% des ados ont déjà connu l'ivresse ou pratiqué le binge drinking, que la précocité de l'expérimentation favorise la régularité de la consommation jusqu'à la dépendance, Cette étude ajoute un facteur à l'équation, la réponse à l'excès d'alcool, qui peut également prédire le risque d'alcoolisme. Un risque plus élevé lorsque la récompense est forte, c'est-à-dire entraîne des sensations…agréables.
Cette étude en double-aveugle contre placebo, menée par l'équipe du Pr Andrea King, professeur de psychiatrie et de neurosciences comportementales à l'Université de Chicago, a analysé la réponse subjective de 104 jeunes adultes, gros buveurs d'alcool et suivi leur consommation durant 6 ans. Ces participants avaient déclaré une consommation excessive d'alcool, soit 4 verres ou unités d'alcool en une occasion, pour les femmes, 5 pour les hommes et cela à raison d'1 à 5 reprises par semaine. Ces participants ont été évalués à 3 occasions, en situation de consommation d'une boisson placebo au goût d'alcool mais sans alcool, une boisson contenant une faible dose ou une dose élevée d'alcool. Les participants ont passé des tests de performance cognitive et de mémoire, et leurs niveaux de stress (cortisol) ont été évalués.
Une réponse à l'alcool était considérée comme agréable, à forte récompense, lorsque le participant déclarait « aimer », ou « vouloir » plus d'alcool, le tout avec un faible niveau de cortisol et un effet sédatif.
Effets agréables à 20 ans, problèmes à 30 : Les chercheurs constatent que les participants qui, à 20 ans, ressentent les effets agréables et stimulants de l'alcool au niveau le plus élevé sont aussi ceux qui à 30 ans, ont le risque le plus élevé de problèmes d'alcool. Ainsi, 6 années plus tard, les participants qui présentent les symptômes de dépendance à l'alcool les plus sévères étaient ceux qui déclaraient les niveaux de plaisir les plus élevés. Enfin, «Les participants qui ont déclaré le moins d'effets positifs de l'alcool au départ de l'étude étaient les plus susceptibles d'arrêter de boire en excès, quelques années plus tard», précisent les auteurs.
De plus, cette notion de récompense à l'excès d'alcool dans les premières années de consommation, s'avère plus fortement prédictive du risque de dépendance ultérieure, que la tolérance aux effets de l'alcool.
Reste à voir si des interventions précoces chez les jeunes buveurs excessifs, présentant cette réponse positive à l'ivresse, est efficace pour la suite. L'étude se poursuit sur ce thème, avec les mêmes participants. Réponse dans quelques années donc. Mais le conseil vaut déjà, pour les jeunes. En cas de forte sensibilité aux effets positifs de l'alcool, il est préférable de limiter votre consommation maintenant, que plus tard.
Source: Biological Psychiatry Alcohol 15 May, 2014 DOI: org/10.1016/j.biopsych.2013.08.001 Challenge Responses Predict Future Alcohol Use Disorder Symptoms: A 6-Year Prospective Study
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