Une substance chimique du cerveau appelée enképhaline qui provoque un signal d’envie similaire à celui de l'opium -ou des opioïdes- en cas de consommation de chocolat ? L’injection de cette même substance synthétisée dans le cerveau qui déclenche un état compulsif chez l’animal ? Ces deux constatations peuvent-elles suggérer que le chocolat pourrait entraîner une addiction aussi élevé que l'opium ? Ces conclusions, publiées dans la revue Current Biology suggèrent en effet avec le rôle clé de ces enképhalines, des comparaisons étonnantes entre le développement de certains troubles alimentaires compulsifs et l'addiction aux substances.
Les enképhalines (ou encéphalines) sont des endorphines, secrétées naturellement dans le cerveau, qui se lient aux récepteurs opioïdes. Les récepteurs opioïdes sont la principale voie par laquelle les opiacés exercent leurs effets dans le cerveau, dont la réduction de la douleur et la production de sensations agréables. On sait que bien que largement utilisés dans le passé comme analgésiques, les opiacés sont maintenant réservés à la prise en charge de la douleur sévère en raison du risque de dépendance.
Ces chercheurs de l'University of Michigan ont tout simplement fait manger à des souris des M&Ms qui s'en sont littéralement « gavés » durant 20 mn, jusqu'à 5% de leur poids corporel
soit l'équivalent pour un humain de 3,6 kilos de M&Ms,
soit encore, l'équivalent d'1,5 kg de sucre. Les niveaux d'enképhalines dans leur cerveau ont été mesurés : ces niveaux demeurent élevés tout au long de la période de boulimie, puis commencent à diminuer alors que l'animal ralentit puis cesse de manger, puis reviennent à la normale dans les 40 minutes. Mais, tout en ingurgitant cette quantité excessive de friandises, les souris ne semblent pas réellement en tirer plaisir, ne se lèchent pas les babines. Meur comportement semble similaire à ceux observés en cas de troubles du comportement alimentaire (TCA) comme la boulimie ou l'hyperphagie. Ces comportements bien que n'apportant que peu de plaisir sont difficiles à contrôler.
Le rôle clé des enképhalines : Les chercheurs constatent que l'injection d'un opiacé synthétique, semblable à l'enképhaline, dans le néostriatum dorsal, une zone du cerveau, déclenche la même frénésie de boulimie chez l'animal, qui entre alors dans un modèle compulsif tel que les chercheurs doivent retirer le chocolat.
Le néostriatum dorsal, une zone clé de l'addiction ? La recherche suggère que cette zone du cerveau, impliquée jusqu'à maintenant dans la motricité, pourrait également être impliquée dans la dépendance et les TCA. Ainsi, certaines personnes, nées avec une anomalie ou une mutation dans cette région du cerveau, pourraient être plus vulnérables à la boulimie, qui permet la hausse des niveaux d'enképhalines, ce qui conduit à plus de boulimie encore, et ainsi de suite …
Des niveaux élevés d'enképhaline et la stimulation de la région néostriatum dorsal contribuent à signaler une récompense sensorielle et à générer une consommationaccrue pour « toucher » la récompense.
Si la motivation déclenchée par cette élévation d'enképhaline peut plus que doubler la prise alimentaire chez l'animal, les chercheurs suggèrent que cette substance chimique pourrait aussi être impliquée dans certaines addictions humaines. Les enképhalines apparaissent ici comme une cible prometteuse pour traiter les dépendances.
Source: Current Biology doi:10.1016/j.cub.2012.08.014 Enkephalin Surges in Dorsal Neostriatum as a Signal to Eat.
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